Quelques conseils de L'Oie Plate: l'envoi d'un manuscrit aux éditeurs
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Quelques conseils de L'Oie Plate: l'envoi d'un manuscrit aux éditeurs
L'envoi d'un manuscrit aux éditeurs
Présentez votre manuscrit correctement révisé et aux normes. Votre manuscrit doit être un tapuscrit mais il n'est pas nécessaire de joindre d'emblée une disquette ou un CD.
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- PRÉSENTATION DU MANUSCRIT
Nous ne sommes plus au dix-neuvième siècle et tout auteur se doit de présenter un manuscrit dactylographié s'il ne veut pas être refoulé avant tout semblant de lecture. Outre que certaines écritures sont illisibles (on raconte souvent qu'André Gide, de la N.R.F, a refusé le manuscrit de Marcel Proust, car il ne parvenait tout simplement pas à le déchiffrer !), les manuscrits écrits à la main demandent aux lecteurs des maisons d'édition un effort qu'ils ne sont plus prêts à faire.
La première frappe
Certains auteurs envoient leur premier jet dactylographié aux éditeurs, sans même le relire, truffé de fautes de frappe et d'orthographe. Cette légèreté qui confine à l'inconscience entraîne, aussi sûrement que pour le manuscrit écrit à la main, le refus des éditeurs normaux. Inondés de manuscrits, ils écartent rapidement en effet ceux dont la présentation est défectueuse. Cette première frappe, il est préférable de la garder. Considérez-la, malgré la sueur qu'elle vous a coûtée, comme un avant-projet sur lequel s'exercera votre esprit critique (et celui de vos proches).
La seconde frappe
Ce pourra être encore une étape intermédiaire. Dans la composition d'un roman ou d'un essai, cette seconde version sera, si l'on suit la technique de Jean Guénot dans son livre Ecrire, le résultat d'un travail " à la colle et aux ciseaux ". Vous découperez dans votre première version les passages à conserver, que vous raccorderez ensuite par des paragraphes ou des liens de transition. N'hésitez pas à soumettre cette nouvelle mouture à un spécialiste de l'orthographe ou de la rédaction qui pointera les fautes et les tournures incorrectes qui vous auraient échappés. Un nouveau bain de tiroir de quelques mois est une sage précaution.
Les logiciels de traitement de texte, tels que Word, Open Office et autres, apportent la réponse adéquate aux multiples repentirs et remaniements (les "couper/coller") de tout auteur exigeant.
La dernière frappe ou version définitive
Ce n'est plus l'heure des grosses corrections, mais du toilettage, du coup de pinceau final : une tournure modifiée, un adjectif ajouté ou supprimé...
Pour être dans les normes standard internationales, dactylographiez votre texte en double interligne à raison de 60 signes (lettres, signes et espaces) par ligne, et de 25 lignes par page, soient 1500 signes par page.
Utilisez du papier blanc standard de 80 grammes, de préférence aux papiers de couleurs (difficiles à photocopier) et aux papiers luxueux, qui ne se justifient pas. Laissez à droite et à gauche des marges confortables et changez, de page à chaque nouveau chapitre. N'oubliez pas enfin de numéroter (ce qui se dit folioter en imprimerie) vos pages.
Toutes ces opérations se paramètreent facilement sur les logiciels actuels.
La couverture
Prévoyez une couverture en papier fort (150 à 240 grammes). On trouve des chemises standard dans le commerce. Il convient de relier votre manuscrit soit par agrafage ou collage, soit par des pinces " sérado ". On évitera cependant les pinces à dessin, qui abîment les enveloppes et pochettes lors du transport par les PTT et empêchent chez l'éditeur un stockage en pile.
La couverture comportera - le titre de votre oeuvre, - le genre (roman, poésie, nouvelle, essai, etc.), - votre nom, votre adresse et éventuellement votre numéro de téléphone.
Ces informations seront de préférence en lettres capitales, le titre ressortant en gros caractères. Evitez absolument de mentionner le nom de l'éditeur sur la couverture. Ce " forçage de main " est une maladresse qui signe le manuscrit du débutant naïf.
© loieplate - 2004
Si vous avez des doutes sur les qualités intrinsèques de votre texte, si vous recherchez des avis professionnels non complaisants, faites appel à un Conseiller Littéraire. Mais sachez que ce n'est pas gratuit. Cose-Calcre propose à ses adhérents une poignée de conseillers qui partage son éthique sur l'édition et sur le respect de l'auteur.
Photocopiez votre manuscrit en plusieurs exemplaires (entre 5 et 15). Faites aussi 5 à 10 exemplaires d'extraits (1er chapitre si c'est un roman, un récit, un essai - quelques poèmes ou une nouvelle si c'est un recueil). Conservez précieusement l'original.
Protégez votre manuscrit pour vous prémunir contre tout plagiat. Audace traite succinctement des moyens de protection des manuscrits.
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- PROTECTION DU MANUSCRIT
Le plagiat, qui tourmente souvent les auteurs débutants (à en juger par le courrier que recevait le Calcre au temps de sa splendeur), reste un phénomène heureusement fort rare. Plus que les éditeurs, qui dans l'ensemble sont des gens sérieux ayant plus à perdre qu'à gagner dans ce genre de pratique, ce sont d'autres auteurs, membres des comités de lecture, qui peuvent user du plagiat.
Dans le cas d'un inédit, le seul à pouvoir découvrir le plagiat est l'auteur en personne. Or il paraît plus de 1000 nouveautés par an ! Il reste ensuite à prouver juridiquement qu'il y a bien eu plagiat. La loi protège en effet la forme, mais non les idées. II faut donc que le repiquage soit fait pratiquement au mot à mot, structure de paragraphe par structure de paragraphe, pour que le plagiat soit prouvé. Mais le plagiaire est souvent un faussaire suffisamment habile pour ne pas tomber dans la recopie stricte.
Cela dit, n'accordez pas trop d'importance à ce phénomène très rare. Le Calcre, en 25 ans d'existence, n'a eu à connaître qu'un seul cas de plagiat sur un manuscrit de poésie.
Il existe diverses façons de protéger son manuscrit avant de l'envoyer aux éditeurs, y compris l'orsqu'il s'agit de textes électroniques envoyés sur le web.
Pour connaître l'étendue de la protection, les caractéristiques et les tarifs de chacune des sociétés chargées de la protection des manuscrits, reportez-vous à l'ouvrage 150 Questions sur l'édition publié par L'Oie plate
© loieplate - 2004
Rédigez une lettre d'accompagnement sobre et neutre.
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- LA LETTRE D'ACCOMPAGNEMENT
L'envoi d'un manuscrit sans une lettre d'accompagnement (vous êtes en position de solliciteur) est maladroit, contraire aux bonnes règles. Mais le but de cette lettre n'est pas de défendre votre oeuvre, d'argumenter, encore moins de vous faire valoir. Personne ne vous demande de raconter votre vie, ni de proclamer des déclarations d'intention.
Cette lettre devra être concise (les éditeurs et les directeurs littéraires sont des gens pressés), neutre, polie sans être obséquieuse, sans fautes d'orthographe ni ratures.
Les seuls renseignements utiles pour l'éditeur peuvent être votre âge et votre profession. Évitez cependant de mentionner votre âge si vous avez plus de soixante ans. Les éditeurs recherchent des auteurs ayant une perspective de carrière plus que des retraités. Une déclaration du type " après une vie professionnelle et familiale bien remplie, je peux enfin reprendre ma passion de l'écriture " pourra être cruellement traduite chez l'éditeur par " encore un écrivain raté qui berce ses vieux jours avec les illusions de son adolescence ". Bien entendu si pendant quarante ans vous avez écrit avec ténacité, entassant vos manuscrits les uns sur les autres, cette remarque ne vous concerne pas. Il y a en outre de fortes chances que vous ne soyez plus un débutant, que votre travail acharné ait été récompensé au moins une fois.
La profession n'est pas indifférente non plus. A mérite égal, un journaliste, un présentateur de télé, un politicien, parce qu'ils sont hommes publics, ont plus de chances d'être édités qu'un cultivateur, une concierge ou un poissonnier.
Aucun de ces conseils ne concerne évidemment l'édition à compte d'auteur. Votre lettre peut être démesurément longue, enflée, prétentieuse, votre âge de débutant canonique, cela n'empêchera pas l'éditeur d'émettre un choix favorable à votre égard, car ce qu'il recherche dans l'auteur, c'est le client et son argent.
© loieplate - 2004
Dès que vous avez sélectionné 5 ou 10 éditeurs potentiels, vérifiez plus en détail leur production en lisant (ou en vous documentant sur) leurs nouveautés en librairie ou dans une bibliothèque. Si l'éditeur est petit ou mal diffusé en librairie, vous pouvez aussi lui demander son catalogue et lui commander un ou deux livres. Vous pouvez aussi visiter son stand sur les salons mais vous ne devez pas profiter de cette occasion pour lui refiler en douce votre manuscrit (il aurait toutes les chances de l'égarer lors du remballage). Ainsi, vous ne serez plus tout à fait un inconnu ou un importun lorsque vous lui soumettrez votre manuscrit.
L'auteur peut déposer au secrétariat de l'éditeur proche de chez lui son manuscrit en échange d'un reçu. Expédiez votre manuscrit ou simplement des extraits si l'éditeur le précise. Si vous souhaitez être sûr de récupérer la copie, joignez une enveloppe affranchie pour les frais de réexpédition.
Expédiez votre texte à plusieurs éditeurs à la fois afin de gagner du temps (les délais de réponse sont parfois très longs). Tenez un planning suivi de vos envois. Relancez par écrit ou par téléphone tout éditeur qui a dépassé la date de réponse qu'il déclare dans Audace ou, si aucune date n'est précisée, après 3 mois révolus.
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Le démarchage à l'Américaine
Il correspond à l'envoi d'extraits ou d'un synopsis, d'une lettre d'intention de plan ou de projet. Cette méthode permet d'une part aux auteurs d'économiser des frais de photocopie et d'envoi. Et d'autre part aux éditeurs de réduire les manipulations fastidieuses et de réaliser des économies de frais de retour dans la mesure où un synopsis ne se retourne pas, l'éditeur n'envoyant dans ce cas qu'une lettre de refus. Si l'éditeur vous réclame votre manuscrit complet, c'est que son intérêt a été éveillé par l'extrait. Vous n'êtes plus alors l'auteur " Lambda ", votre manuscrit n'est plus un " manuscrit sauvage ". Ensuite, dans le cas malheureux d'un refus, l'éditeur doit normalement vous retourner votre manuscrit à ses frais - même s'il déclare ne pas le faire dans Audace. Car c'est bien lui qui l'a réclamé !
La lettre de refus
C'est une lettre qui, même si elle semble personnalisée, ne donne que des arguments généraux et passe-partout pour refuser votre texte. Les arguments les plus souvent invoqués sont : " ne correspond par à l'esprit de la maison, ne peut s'insérer dans nos collections, notre programme est complet, le manuscrit à des défauts ou des faiblesses " sans préciser lesquelles, etc.
La lettre de refus personnalisée
C'est une lettre dans laquelle l'auteur retrouve des éléments très précis prouvant que son manuscrit à bien été lu et critiqué. Après une lettre de refus personnalisée, évitez absolument d'ergoter, de demander des explications supplémentaires. Les courriers de " pinailleurs " incitent les éditeurs à faire des réponses types.
Les comités de lecture
Leur rôle réel et leur rôle symbolique - les critères de sélection - leur fonctionnement : du déballage à la lecture approfondie, en passant par l'écrémage, etc.
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- LES COMITÉS DE LECTURE
Rôle réel, rôle symbolique
Le comité de lecture a pour fonction de détecter parmi les manuscrits reçus ceux qui sont intéressants et seront, peut-être, édités. Chez les grands éditeurs, le comité de lecture est un service à part entière. Chez les petits, c'est l'éditeur lui-même qui assure la fonction.
Le lecteur d'un tel comité est un lecteur légitimant. Tout manuscrit accepté par un éditeur normal entraîne, de facto, une reconnaissance de la parole, du dire de l'auteur. Avant même d'être publié, le candidat à l'édition existe déjà en tant qu'écrivain reconnu.
Son manuscrit vient d'être validé par ses pairs, spécialistes de la littérature, de la chose écrite. La fonction écrire de l'auteur est, chez un éditeur traditionnel, légitimée au moins 2 fois. Légitimée une première fois par le comité de lecture, elle est légitimée une seconde fois par l'éditeur qui prend le risque d'opérer son lancement.
Plus la sélection est draconienne ou perçue comme telle, plus il est valorisant pour l'auteur d'avoir été retenu. Les éditeurs à compte d'auteur, particulièrement quand ils sont abusifs, n'ignorent pas l'importance symbolique du comité de lecture. Ils font très souvent état d'un tel comité afin de faire croire à une sélection existante.
Critères de sélection
Le comité est généralement composé de lettrés (auteurs "maison", critiques littéraires, étudiants en maîtrise ou en doctorat de lettres, enseignants et érudits). Dans l'édition traditionnelle on peut dire qu'en général les critères de sélection sont les suivants:
- qualités littéraires et style
- intelligence et originalité des idées
- conformité à la politique générale de la maison.
Ces critères permettent de donner la " note littéraire". La " note commerciale" reste le fait du Prince : l'éditeur prenant la décision finale d'investir ou non dans l'édition de l'ouvrage.
L'édition a compte d'auteur publie sans risque et n'opère pas de validation commerciale. Dans sa logique, il n'y a pas de critères de sélection. Quand ils existent, ils sont, soit pervertis (faire croire à l'auteur que son manuscrit est bon, malgré quelques propositions de retraits), soit minimaux (s'épargner la diffamation). Chez les vrais éditeurs, le taux de refus des auteurs débutants varie entre 99 pour cent et 999 pour mille. Chez les éditeurs à compte d'auteur, c'est l'inverse.
Fonctionnement
La sélection d'un comité de lecture se fait en trois étapes :
1) Le déballage : à l'ouverture du manuscrit, les oeuvres non conformes aux genres publiés (erreurs d'aiguillage), les manuscrits "manuscrits" repartent sur la pile des retours.
2) L'écrémage : le manuscrit va être lu "en diagonale" (quelques pages par ci par là) par un lecteur de la maison qui en 5 minutes se fera une opinion. A ce stade, 94% des manuscrits prennent le chemin du retour, accompagnés d'une lettre type, ménageant la susceptibilité de l'auteur.
3) La lecture approfondie : le manuscrit est mis en lecture auprès d'un ou plusieurs lecteurs, extérieurs d'abord, maison ensuite. II sera lu entièrement, une ou plusieurs fois. Les refusés de ce stade pourront se voir gratifiés d'une lettre critique personnalisée, mais rien n'oblige l'éditeur à le faire. L'éditeur n'est pas un "conseiller littéraire".
Si les délais sont longs, même pour les 2 premières phases, c'est que les éditeurs sont surchargés, qu'il est de bon ton de faire patienter les candidats amateurs, que le service des retours ne constitue pas une tâche prioritaire dans les nombreuses activités de la maison.
C'est un service qui coûte de l'argent à l'éditeur. II est gratuit donc rien n'oblige l'éditeur à justifier ses refus. II fait partie de la déontologie de la profession. Même si beaucoup d'éditeurs trouvent leurs auteurs par d'autres canaux que celui des manuscrits d'inconnus, arrivant par la poste, bien peu souhaitent le supprimer. Le manuscrit sur cent ou mille de l'auteur inconnu est un peu le ballon d'oxygène de la maison. II paie l'éditeur des vicissitudes des autres lectures.
Pour en savoir plus sur le sujet, et notament sur les dérapages des comités de lecture et sur l'envoi des manuscrits électroniques, reportez-vous à l'ouvrage "Les Comités de lecture" de Pauline Morfouace (Calcre) disponible chez Cose-Calcre.
© loieplate - 2004
source: http://loieplate.com/conseil/manuscrit.php
Re: Quelques conseils de L'Oie Plate: l'envoi d'un manuscrit aux éditeurs
Voilà un dossier très intéressant et très instructif !!! Merci les filles !!!
Re: Quelques conseils de L'Oie Plate: l'envoi d'un manuscrit aux éditeurs
super dossier merci les filles !
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